Accords de Libre Echange signés entre l’Europe et d’autres pays: bon ou mauvais ?
déclaration de Emmanuel Maurel, député européen
La Commission Européenne a accepté d’ouvrir des contingents d’importation pour plus de 10 000 tonnes de bœuf, presque 40 000 tonnes d’ovins, 15 000 tonnes de lait, 21 000 tonnes de beurre et on achète tout cela à 20 000 kilomètres d’ici. Voilà la réalité de la mondialisation et du libre-échange à la sauce Ursula von der Leyen et consorts.
Un accord avec le Chili est en train d’être adopté, avec des contingents d’importation à droits de douane zéro pour des dizaines de milliers de tonnes de bœuf, de porc, de volaille.
Un autre traité est en cours de finalisation avec le Mexique.
Sont prévues l’importation de 35 000 tonnes de miel, 50 000 tonnes de lait.
L’entente en discussion avec le Mercosur porte sur 100 000 tonnes de bœuf, 180 000 tonnes de volaille et 650 000 tonnes d’éthanol… Dans ce projet d’accord avec le Mercosur, on autorise l’importation de denrées agricoles qui sont obtenues avec des pesticides interdits en Europe.
De la même façon, on estime que s’il était signé, avec ses 650 000 tonnes d’éthanol, on aurait entre 5 et 25 % de déforestation supplémentaire.
On marche vraiment sur la tête!
Pendant ce temps-là, on envoie des circulaires de 15 pages à nos agriculteurs qui veulent tailler une haie. C’est un non-sens écologique.
Dans le cadre de la transition écologique, on impose toujours plus de normes à nos agriculteurs sur l’utilisation des intrants, des phytosanitaires, des engrais. Mais les importations, elles, ne sont pas tenues aux mêmes règles.
D’un côté on a une baisse de la production agricole européenne. Par exemple, la France est passée du 2e au 5e rang des exportateurs mondiaux. Mais on achète toujours plus : aujourd’hui on importe pour 63 milliards d’euros de denrées alimentaires, deux fois plus qu’en 2000 !
Sauf à changer rapidement de cap, on condamne l’agriculture française et européenne à mourir.
Il y a quarante ans, la France était autosuffisante d’un point de vue alimentaire.
Cela reste pour moi un objectif ; un objectif réalisable, si on en finit avec cette politique mortifère. Pour cela, il faut des prix garantis et une politique commerciale équitable.