18 avril 2024

Faire taire les associations ?

Réconcilier l’homme et son environnement en Rhône-Alpes


ommunication spéciale FRAPNA

 

Mesdames et Messieurs les élus, à vous de choisir les associations que vous voulez!

Nous arrivons sans doute à la croisée des chemins pour notre monde associatif en particulier et pour les corps intermédiaires en général. Nos associations font l’objet de campagnes de dénigrement et de menaces proférées par certains élus, comme feu Fabrice Marchiol qui déclarait il y a peu

« Notre stratégie va être de vous assécher financièrement pour que les militants qui sont employés par vos structures n’aient plus le temps de mener des recours et de faire des actions contre les projets économiques que nous défendons localement. Vous avez choisi les tribunaux et les recours pour mener un certain nombre d’actions contre nous, nous choisirons avec nos méthodes de faire en sorte que nos adversaires n’aient plus les moyens d’être nos adversaires… ».

Nous avons entendu et parfois lu des propos de la sorte de la part de certains candidats pendant la campagne électorale ; aussi, il me semble utile de brosser un tableau plus juste de nos structures associatives.
La FRAPNA, comme la LPO et d’autres Associations de Protection de la Nature et de l’Environnement agréées, emploie un certain nombre de salariés, ce qui induit des dépenses de fonctionnement qui ne sont pas couvertes par les seules activités propres de l’association.

Cette structuration, basée sur la complémentarité de l’expertise technique des salariés et de l’expertise militante des bénévoles, nous permet d’occuper une place toute particulière en tant que représentant de la sensibilité environnementale de la population vis à vis des pouvoirs publics et des porteurs de projets.
Concrètement, vis à vis de l’administration et des élus, ce positionnement se traduit le plus souvent en accompagnement des politiques publiques environnementales, en expertise critique et concertation sur les projets, leviers pour la mise en œuvre des bonnes pratiques et le changement des comportements. Ces missions d’intérêt général ne sont évidemment possibles qu’avec un soutien de l’Etat et des collectivités territoriales car, contrairement aux fédérations de chasseurs ou de pêcheurs ou encore sportives, nous n’avons pas de revenu parafiscal ou de dotations de fonctionnement.

Parfois, lorsque les projets sont passés en force et que nous estimons que le droit est violé, nous saisissons les tribunaux, qui souvent nous donnent raison ! C’est cet exercice du contre-pouvoir si nécessaire à la démocratie qui fait débat chez certains élus.
Au-delà de la petitesse du geste et d’une conception étroite de la démocratie, il serait un leurre de croire que si l’on « asséchait » les associations, on les réduirait au silence. C’est oublier que nos bénévoles donnent leur temps gratuitement… Ce qui arriverait, ce serait bien évidemment un changement radical de nos moyens et donc de nos modes d’actions.
Faute de pouvoir accompagner les politiques publiques, de participer à la concertation et d’être force de propositions, nous nous tournerions vers des modes d’actions plus « contestataires », avec un recours sans aucun doute beaucoup plus fréquent au tribunal et à d’autres modes d’expression qui risquent de déplaire.
Mesdames et Messieurs les élus, « la balle est dans votre camp », à vous de décider car tel est votre rôle dans notre République.
De grâce, ne prenez pas pour prétexte simpliste l’état des finances publiques, car sur le budget de plus de trois milliards d’euros de la future région Auvergne Rhône-Alpes – AURA, à peine 1,5% vont à l’environnement et une goutte d’eau à la FRAPNA !

C’est donc bien d’un choix politique qu’il s’agit et vous devez être conscients de ce qu’il implique, tant en termes de signal donné que très directement en termes d’emploi et de formation de nos cent jeunes salariés.
Eric FERAILLE,

Président régional de la FRAPNA